

le cœur et la raison
L’Air de cour, né au Moyen Âge et raffiné au XVIIe siècle avec Boesset et Guédron, exprime les élans amoureux à travers des formes monodiques ou polyphoniques, souvent ornées. Il évolue vers l’Air sérieux, plus introspectif, tout en restant un art subtil de la séduction et de l’expression émotionnelle. En parallèle, le Père François Berthod transforme ces airs profanes en Airs spirituels destinés aux religieuses, remplaçant l’amour mondain par la foi, tout en conservant l’élégance musicale des originaux.
Cette pratique illustre la tension entre musique profane et musique sacrée, qui traverse tout le XVIIe siècle. Tandis que le Motet triomphe dans les fastes liturgiques de la Chapelle royale avec Lully, Lalande ou Lalouette, d'autres lieux comme Saint-Cyr, fondé par Louis XIV et Mme de Maintenon, offrent aux jeunes filles nobles une éducation religieuse où la musique tient une place centrale. Clérambault, successeur de Nivers, y compose des motets raffinés comme son Miserere, mêlant virtuosité et ferveur.
Notre programme imagine le destin d’une jeune pensionnaire de Saint-Cyr, écartelée entre le cœur et la raison, entre les chants mondains glanés en famille et les contraintes spirituelles de l’internat. Quand Berthod adapte les airs profanes pour la piété, elle chante, résignée – mais dans son cœur, les paroles d’origine résonnent encore.
À travers ce voyage musical entre passion et foi, La Néréide explore l’histoire d’une jeune fille et, au-delà, celle de toutes les femmes : tiraillées, complexes, puissantes.
Chanter, c’est exister – alors ces voix anciennes deviennent aussi celles d’aujourd’hui.
avec la participation de
Emmanuel Arakélian: orgue
Salomé Gasselin: viole de gambe
Miguel Henry: théorbe

